La territorialité chez le chat

Contrairement aux idées reçues, le chat n’est pas un animal social (comme le chien) et il n’existe donc pas chez lui de notion de dominant ou de dominé. La vie en communauté n’est pas une nécessité pour lui. Les bagarres entre chats que l’on pourrait prendre pour une tentative de mise en place d’une hiérarchie ont simplement pour but d’intimider un congénère afin de le faire fuir ou d’avoir accès à une ressource ou un lieu convoités.
Ainsi lorsque notre chat nous « agresse », il tente de nous montrer que nous n’avons pas respecté les signaux qu’il nous a adressés mais en aucun cas, il tente de nous « dominer ».

Pour mieux cohabiter avec nos chats, il est nécessaire de comprendre la notion de territorialité. Il s’agit donc de définir comment le chat défend son territoire, c’est-à-dire son espace de vie. Il va identifier, marquer et défendre son territoire face aux autres chats ou tout autre intrus, animal ou humain.
Cette notion de territorialité peut évoluer au fil du temps et la nécessité de défendre cet espace ne sera pas toujours la même pour le chat. Elle pourra donc varier en fonction des saisons, du nombre d’individus (chats, humains ou autres), de l’état de santé du chat, de la période de reproduction, de la stérilisation…

Qu’est-ce qu’un territoire ?
Le territoire selon le chat est différent de la notion que nous pouvons en avoir. Par exemple, une pièce de la maison est un territoire mais chaque élément qui le compose est un autre territoire (lit, armoire, bureau, sac sur le sol, tapis…) Il s’agit d’un « assemblage » de lieux et d’éléments mais aussi de personnes. Notre chat peut tout à fait nous considérer comme faisant partie de son territoire.


Comment le chat délimite-t-il son territoire ?
Le chat va délimiter son territoire en fonction de la surface où il lui est offert d’évoluer. Un chat ayant accès à l’extérieur aura donc un territoire bien différent de celui d’un « chat d’intérieur ».
Pour un chat ne sortant pas, les différentes parties composant son territoire seront conditionnées par ses besoins avec par exemple l’espace « litière », l’espace « nourriture », l’espace « observation de l’extérieur », l’espace « sommeil »…
A l’extérieur, le chat aura besoin des mêmes espaces mais ceux-ci sont conditionnés par les rencontres avec les autres chats. La notion de défense de cet espace y sera beaucoup plus présente qu’à l’intérieur. Le chat va donc organiser son espace vital en fonction de ses besoins : aire de chasse, aire de reproduction, aire de repos et de sommeil. Et ces différentes aires sont reliées entre elles par des chemins. Mais il s’agit de territoires « temporaires » qui n’ont cette valeur que lorsque le chat les occupe.
Il existe également des territoires dits « collectifs » sur lesquels les chats tolèrent de côtoyer leurs congénères et où les marquages sont plus pacifiques.
Lors des périodes de reproduction (principalement de février à août), les défenses territoriales sont plus marquées et les mâles n’hésitent pas à agrandir leur territoire et ainsi sa zone de rencontre avec les femelles.

Comment le chat marque-t-il son territoire ?
Il existe 4 grands types de marquages :
- Les marquages urinaires et fécaux :
A chaque fois que le chat urine, même par besoin d’élimination naturelle, il existe une fonction de marquage. L’odeur de l’urine a une durée de vie importante et est perceptible par tous. Ainsi lorsque l’environnement autour de la litière ne lui permet plus ce marquage (excès d’hygiène de la part des humains, utilisation par d’autres chats, mauvais emplacement…) le chat commence à marquer en dehors de cet espace, en urinant ou en déféquant en dehors de la litière. Le marquage est alors olfactif mais aussi visuel.
- Les griffades :
Le chat marque également son territoire en griffant les meubles, les murs, l’arbre à chat, les tapis… Il s’agit d’un marquage visuel puisque les griffades sont facilement identifiables et repérables par tous. Le chat choisira en général les lieux visibles et qui portent l’odeur des autres individus de la maison (lit, lieux de passage comme les couloirs, les portes…) C’est d’ailleurs pour cela que les objets concernés le plus fréquemment par les problèmes de malpropreté sont ceux que nous utilisons le plus (lit, canapé…)
Les griffades permettent également au chat de déposer des phéromones grâce aux glandes situées entre les coussinets.
- Les frottements phéromonaux :
Les chats ont des glandes phéromonales au niveau des joues, entre l’œil et l’oreille, de l’épaule et de la base de la queue, entre les coussinets. Les phéromones qui y sont sécrétées délivrent un message servant entre autre à délimiter le territoire. Mais si le chat semble se frotter plus que d’habitude contre un meuble, il faut y voir un message d’alerte et une tentative du chat de se rassurer et de s’apaiser.
- L’occupation de l’espace :
Lorsque le chat se couche sur le bureau, le clavier de l’ordinateur, la table… il s’agit d’une façon d’occuper l’espace et donc de délimiter son territoire. Il se couche alors sur le flan, observant l’espace qui l’entoure. Il est même possible que son propriétaire devienne une partie du territoire de son chat lorsque celui-ci vient s’allonger sur ses jambes, ne cherchant pas forcément le contact et repoussant même les caresses.

L’occupation du territoire lorsque nous avons plusieurs chats :
Comme vu précédemment, il n’existe pas de hiérarchie entre les chats. Lorsque plusieurs chats cohabitent au sein d’un même foyer, leur fonctionnement s’organise autour de priorités d’accès aux ressources. Chaque chat accordera plus d’importance à l’une ou l’autre des aires régulant ses besoins : la nourriture, la litière, le repos, les humains… et empêchera ses congénères de s’en approcher durant un temps plus ou moins long.

Lorsque le chat ne parvient plus à défendre son territoire :
Certaines situations comme par exemple la surpopulation ou l’arrivée d’un nouvel individu, vont amplifier le besoin de territorialité du chat qui va alors amplifier ses marquages. Cela peut vite devenir insupportable pour le propriétaire, surtout s’il identifie mal ces comportements et ne les comprend pas. En effet, la tendance à amplifier ces marquages est bien souvent sanctionnée par les humains par des réprimandes physiques ou non, qui entraineront forcément du stress chez le chat. Ce stress le poussera à s’apaiser et dans ce but, il augmentera d’autant plus ses marquages.
Mais l’intrusion d’un nouvel individu peut aussi entrainer un retrait du territoire et le chat ira alors s’isoler dans le coin d’une pièce, partira de la maison pour peut-être ne jamais y revenir. Et ce n’est pas nécessairement le premier chat arrivé qui aura le dessus sur le nouveau venu. Un chat âgé peut tout à fait être délogé par un jeune chat.

Comment retrouver une situation saine ?
Pour que le chat puisse exprimer son besoin de territorialité tout en maintenant avec les autres individus de la maison une cohabitation sereine, il faut faire preuve de patience et prendre le temps de comprendre ce que ces comportements signifient pour le chat.
Il faut veiller à organiser l’environnement de façon adaptée au mode de vie du chat afin qu’il s’y sente bien : la litière doit être placée dans une pièce à vivre, il faut parfois multiplier le nombre de bacs pour s'adapter aux besoins du chat, proposer différents griffoirs, un arbre à chat, dans des lieux de passage, aménager des endroits en hauteur d’où le chat pourra observer, éviter de lui interdire complètement l’accès à certaines pièces, le faire stériliser même s’il n’a pas accès à l’extérieur afin de lui éviter les tensions liées à la nécessité de la reproduction...
Lorsque l’on observe un chat marquant son territoire, il est important de le laisser faire afin de ne pas le frustrer et donc ne pas le stresser.
Il faut également éviter de diffuser des parfums pouvant brouiller son univers olfactif comme des parfums ou phéromones de synthèse (feliway).
Et si l’on veut introduire un autre animal, il faut veiller à respecter un temps d’adaptation et éviter une mise en présence directe.

Il est primordial de retenir que la territorialité est instinctive chez le chat et qu’il est plus efficace de détourner ses marquages en lui offrant des supports adaptés à tous plutôt que de chercher à l’en empêcher. Cela ne contribuera qu’à le stresser et donc à renforcer ces comportements.

Un territoire sécurisé :
Le chat est un animal curieux qui passe beaucoup de temps à explorer son territoire. Il est donc important de sécuriser notre intérieur afin d’éviter tout accident. Il faut donc penser à rendre les fils électriques inaccessibles, éviter les bibelots fragiles, tenir hors de sa portée les produits ménagers et dangereux, éviter les plantes toxiques et bien sûr sécuriser les balcons et fenêtres.